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Entendre les enfants au temps du COVID-19

Toujours soucieuse du bien-être de nos enfants, j'ai pensé vous donner quelques clefs pour aider vos enfants à passer plus sereinement ces temps étranges et difficiles psychologiquement, loin de l’école, des copains et pour vous du travail. C'est la modeste contribution des équipes de Caramel & Cie. 

Le COVID-19, événement surmédiatisé qui bouleverse la vie, la routine de tous les enfants et de leurs parents peut en effet générer des angoisses chez chacun d’entre nous, comme au moment du 11 septembre 2001, des attentats de Charlie et du Bataclan, … J'ai donc fait appel à Agnès Bailly, psychanalyste et psychologue spécialisée dans le suivi des enfants, pour avoir son avis sur la façon d'aborder le sujet du COVID-19 avec nos enfants. 

J’espère que vous apprécierez ce petit article que j’aime personnellement beaucoup parce qu’il va un peu plus loin que juste donner des conseils !

Rafaela Garcia (fondatrice de Caramel & Cie)

Se faire partenaire des questions des enfants

« Comment expliquer aux enfants le Covid-19 ? » me demandait-on. Je renverserais plutôt les choses ainsi : Comment accueillir leurs questions toutes uniques et personnelles, au moment qui sera le leur ?  

Vouloir expliquer les choses avec un savoir « prêt-à-porter » risque de ne pas correspondre à votre enfant et peut venir faire barrage à sa question, l’empêcher de vous exprimer ce qui le préoccupe. Nul doute qu’il a quelque chose à dire.

Les livres pour enfants peuvent aider les parents à aborder un sujet délicat, à condition de rester ouvert à la question imprévue que l’enfant va formuler. Être suffisamment attentif (et on ne peut l’être tout le temps) pour accueillir leur parole, ce qu’ils vont vous dire comme ça, au moment où l’on s’y attend le moins et où vous serez le moins disponible. C’est pourtant là qu’ils vont vous poser leur question, qui peut vous paraître anodine ou en total décalage avec ce qui se passe.

Un petit garçon de 5 ans que je recevais au tout début de l’épidémie me dit :  

– « J’ai peur de rater l’anniversaire de mon père ce soir… j’ai le rhume ».

–  Moi : « Tu as entendu des choses à la radio ? »

–      « J’ai peur du virus… il est mortel tu sais ». 

Le rassurer avec un discours scientifique n’aurait pas permis qu’il m’adresse ensuite sa question.

– Moi : « Tu te poses des questions sur la mort parfois ? »

–      « Oui ! depuis que j’ai 3 ans. »

–      Moi : « Il a dû se passer quelque chose de grave à ce moment-là ? »

–      « Oui, mais j’ai oublié… »

Je m’avançais avec précaution :

–      Moi : « Tu as entendu parler des attentats ? »

–      « Oui ! C’est ça que j’ai oublié ! » dit-il avec un vrai soulagement.

Depuis, il vient me parler de ses questions autour de la mort avec une plus grande liberté et de ses trouvailles pour « faire avec ».

Si ce petit garçon arrive à nommer ce qu’il vit, ce n’est pas le cas pour tous. Comme tout enfant est plus ou moins fortement pris dans les angoisses de ses parents, il n’est pas facile pour ces derniers d’entendre ses inquiétudes. Il n’y a pas une bonne manière de répondre aux questions des enfants. L’important est donc plutôt de rester ouvert comme on le peut à leurs questions et de s’en faire partenaire : leur répondre avec nos failles et notre propre questionnement, c’est-à-dire d’une façon qui ne soit pas anonyme. Cela compte bien plus pour eux qu’un savoir tout fait.

Agnès Bailly, psychologue psychanalyste,

membre de l’École de la Cause freudienne, 75010 Paris.

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